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LE BALLET DE COUR

La Danse intervient dans toutes les civilisations. Avec un degré de raffinement variable. De la spontanéité initiale, à l’improvisation incontrôlée succède un certain ordre, un choix, une préférence. L’art du ballet élaboré en Italie et en France rayonne rapidement en Europe puis le monde entier. Plus de trois siècles de recherches ont permis l’épanouissement de cette esthétique fondée sur les principes de l’en-dehors, de l’aplomb, de l’élévation : une combinaison abstraite de pas et de lignes en mouvement.

Si l’origine de la danse se confond avec celle de l’homme, celle du ballet appelé par la suite classique ou académique remonte au Moyen Age dans les cours princières.

En France : Mômeries bourguignonnes Entremets et chanson à baller Estampies, morisques En Italie : organisation théàtrale du mouvement

Domenico da Piacenza est l’un des premier chorégraphe du XV ème siècle et l’auteur - d’un manuscrit (bibliothèque Nationale de Paris) sur l’esthétique et une technique dont les fondements sont sans doute antérieurs à lui (l’espace, l’accord avec la musique, l’expression et l’élévation) - d’un traité dans lequel il définit sa conception mystique de la danse et décrit plus de 50 basses-danses et utilise pour la 1ère fois le terme de « ballecto » (ballet) Lui rendra hommage Domenico da Piacenza avec son « livre sur l’art de danser » (belle définition de cet art nouveau).

Le vocabulaire du XVème : Couru, sautés, piqués

Quelques œuvres de l’époque : 1496 Le Paradis de Ludovic le More avec Léonard de Vinci pour les costumes et machines 1518 Les Suppositi de l’Arioste (pantomimes) présentées sur l’ordre de Charles de Téméraire à la cour de Bourgogne.

Charles VIII et Louis XII commanderont de ces ballets raffinés et fastueux. François Ier attirera en France de nombreux artistes italiens et le mariage de son fils avec Catherine de Médicis facilitera cette intrusion. Charles IX en 1573, sera témoin du plus célèbre ballet de danse dite « figurée » offert au ambassadeurs polonais. Tandis qu’en Italie en 1571 le poète Antoine Baïf fonde la 1ère académie de musique (en collaboration avec le musicien Mauduit) et de poésie. Il s’intéressera à traduire plastiquement les rythmes et à l’union poésie musique et danse ce qui donnera naissance à la danse mesurée.

1577 Henri III reçoit la première troupe de comédiens et danseurs de qualité italiens et révèle aux français un genre nouveau : danse figurée sur une musique appropriée soutenue par un thème poétique, mythologique.

1581 Le ballet comique* de la reine (*ballet-comédie) de Balthazar de Beaujoyeux des compositeurs Beaulieu et Salmon, du peintre Patin et du poète La Chenaye. Ce chef-d’œuvre offrira la synthèse des apports italiens et français. Musique et danse cessent d’interrompre l’action pour y participer.

ballet comique de la reine

Jusqu’en 1610, du fait des guerres de religion, seul persiste le goût de la danse, illustré à travers la France par de nombreuses mascarades réservées à un petit nombre de privilégiés (MM. de Rohan, de Montmorency, d’Auvergne, de Joinville, de Grammont) réglés sur des airs de Boesset, Michel Henri, Mauduit, Eustache du Caurroy. Les thèmes tirés de l’actualité, révèlent une prédilection pour la fantaisie burlesque. Puis on voit déjà juxtaposés, les principes figuratifs et non figuratifs qui demeurent jusqu’à nos jours les deux pôles entre lesquels le ballet ne cesse d’osciller. La chorégraphie utilise les pas battus, les tours, les sauts et cabrioles et les danseurs dessinent des « figures géométriques » parfois même des caractères symboliques, d’où la surélévation de la scène.

1615 le ballet de Minerve 1617 le ballet de la Délivrance de Renaud dansé par Louis XIII et le duc de Luynes, Bordier en est l’auteur des vers, tandis que Mauduit et Pierre Guédron en ont écrit la musique vocale Jacques de Belleville et Marais se sont chargés de la musique des danses.

Les ballets mascarades royaux feront grand bruit dans la capitale. Les parisiens attendront de longues heures formant une incroyable foule dense pour obtenir l’accès de la salle des Etats, au Louvres (vaste pièce de 15 m par 50 m aménagée en amphithéâtre sur trois étages de galeries). Pour faire patienter le public, on distribue des livets explicatifs et des rafraîchissements. L’argent manquant pour renouveler les décors, on dansera devant de simple toile de fond et deux baraques oû les danseurs changeront de costume.

Le ballet demeure privilège de cour, malgré l’autorisation qu’obtient l’artificier Horace Morel à former une troupe de danseurs professionnels. Cette entreprise reste dans lendemain. Le cardinal de Richelieu constate le succès du genre et décide d’en tirer un parti politique. Il ordonne les ballets des Quatre monarchies chrétiennes (1635), Prospérité des Armes de France (1641) mais le public préfère les thèmes plus divins.

Mazarin tente d’introduire le nouvel opéra qui triomphe en Italie mais obtiendra le succès escompté un peu plus tard. Corneille et les comédiens du théâtre du Marais font appel aux danseurs. Quant à Louis XIV, il fait ses premiers pas dans le ballet de Cassandre en 1651, il ne cessera toute sa vie de lui prodiguer ses faveurs et en restera durant 20 le plus illustre fleuron. 1653 le ballet de la Nuit Louis XIV incarnera l’aurore personnifiée. Il revêt pour la 1ère fois l’aspect du Soleil levant. 1654 Noces de Pélé et de Thétis Manifestement très doué pour cet art, il n’hésite pas à incarner des rôles divers. A cette époque se distinguent auprès de lui, Monsieur le compte de Saint-Aignan, les ducs de Guise, de Joyeuse, de Buckingham, les marquis de Villeroyz, de Villequier. Sous le nom de Baptiste, Lully fait apprécier son génie et ses dons de danseur comique. Auprès de lui Beauchamps (1636-1719) affirme ses dons de danseur et chorégraphe et s’entoure de professionnels habiles : Dolivet, Vertpré, Saint-André, Des-Airs et de quelques rares demoiselles Mollier, Girault et Vertpré. Grâce à l’instigation d’Anne d’Autriche ou Henriette d’Angleterre, Mlles de la Vallière, de Sévigné, de Grammont, de Mortemart ou de la duchesse de Montespan. Les rôles féminins étant toujours dansés en travesti par « correction ».

1655 balles des Bienvenus 1656 Psyché 1661 le ballet de L’impatience

Redoutant l’inexpérience des courtisans, le roi protège les professionnels et fonde en 1661 l’Académie Royale de danse. La chorégraphie devient alors plus complexe, pas et ports de bras se combinent désormais avec une rigueur accrue ; le travail des sauts, le développement progressif de l’en-dehors exigent des interprètes de plus en plus habiles. Le costume se revalorise, doit aider le personnage à se faire reconnaître, il épouse les lignes de corps, dégage la jambe. La jupe s’allonge jusqu’au genou pour le travesti, jusqu’au sol pour les danseuses. Le port du masque est de rigueur pour les danseurs. La convention se maintiendra longtemps à l’Opéra.

1661 Les Fâcheux : Lully et Beauchamps compositeurs. Demandé par Foucquet, Molière a l’idée de jeter dans les entractes de la comédie des intermèdes étroitement liés au sujet. Il dira avoir permis la naissance d’un genre nouveau : la comédie-ballet. Dans le genre naîtra le Bourgeois gentilhomme. La danse joue un rôle important dans les grandes fêtes de Versailles, de Saint-Germain-en-Laye ou de Chambord. 1670 Louis XIV fait ses adieux à la scène à 32 ans. Le genre alors à son apogée peu après lui tendra à disparaître.