LE BALLET ROMANTIQUE
Marie Taglioni, La Sylphide 1832
Cette inspiration s'est vite imposée avec une telle autorité que, 150 ans plus tard, elle apparaît comme le type accompli de ce spectacle. Le ballet délaisse la grandeur tragique chère à Noverre et devient la réalisation de l'imaginaire. Il se sert des enchaînements classiques pour suggérer une métaphysique spirituelle.
Symbole de cette évolution, la danseuse ne touchera plus terre et on la fait voler comme dans "Zéphire et Flore" du chorégraphe Charles Didelot en 1796. Dans cet élan la danseuse chaussera le chausson de pointe pour paraître plus légère et immortelle telle Geneviève Gosselin en 1817.
Le deuxième chorégraphe du XIX siècle : Charles Blasis (1795-1878) amplifiera les mouvements de l'arabesque et de l'attitude. Après lui la virtuosité est plus aisée, apprend à terminer gracieusement des cascades de pirouettes, dont il met par écrit la méthode dans un "Traité élémentaire, théorique et pratique de l'art de la Danse" en 1820 et dans un "Manuel complet de la Danse" en 1830. Par l'intermédiaire d'Enrico Cecchetti formé par un de ses élève et maître de Pavlova, Nijinsky, Lifar, De Valois, par celui de Carlotta Zambelli, son enseignement constitue le fondement du ballet au XX siècle.
La mythologie, l'Antiquité ont cessé de plaire. L'opéra est désormais livré aux gnômes, ondines, elfes, willis... aux forêts ombreuses baignées de clair de lune.
La danseuse revêt le corsage décolleté, la corolle de mousseline vaporeuse, se couronne de fleurs des champs. Elle est nostalgique, égarée dans un monde réel brutal. On les appelles "Les anges", Victor Hugo crée Ruy Blas et Balzac "Le Lys dans la vallée", 1829 Jean Aumer cré "La belle au bois dormant"
La France conserve la primauté du ballet durant la première moitié du siècle.
1830 Le docteur Véron dirige l'Académie Royale de musique. Il modernise la mise en scène et n'hésite pas à favoriser l'ascension de Marie Taglioni élève de Coulon. Son lyrisme transfigure malgré un physique un peu ingrat. Elle dansera "Flore et Zéphire" "Le Dieu et la Bayadère" "La Sylphide" en 1832 chorégraphie de Philippe Taglioni et musique de Scheitzhöffer (oeuvre issue du Trilby de Charles Rodier) témoigne du thème essentiel du ballet romantique : dualisme entre le monde de la réalité et celui de l'idéal, vanité des apparences et vérité du rêve. 1836 "La fille du Danube" "L'ombre" en 1839. Puis elle partira en Russie puis parcourra le monde pour prendre sa retraite en 1848. Carlotta Grisi lui succèdera (1819-1899). 1841 Gautier lui élabore "Giselle" sur la musique de Adolphe Adam et les chorégraphies de Jean Coralli et Jules Perrot.
1843 "Péri" 1844 "La Esmeralda"
A noter Fanny Cerrito (18171909) élève de Perrot et Blasis, chorégraphe elle-même, et Lucile Grahn (1819-1907) élève de Bournonville.
1846 "Paquita" 1856 "Le Corsaire" Dernier danseur de son temps, Arthur St Léon (1821-1870)
La Grande-Bretagne accueille les ballerines, sous le règne de Victoria, Londres est devenue l'une des principaux centres d'intérêt chorégraphique.
La création des "Quatre Saisons" en 1848 par Cerrito Grisi, Rosati et Taglioni, marque le début du déclin que le départ de Perrot et la venue de la cantatrice Jenny Lind vont favoriser.
Le dédain pour la poètique de la danse, pour la chorégraphie annonce déjà au milieu du XIX siècle le proche déclin du ballet romantique.
Emma Liny (mourra à l'âge de 21 ans, brûlée sur scène) marquera tout de même par son talent dans "Le Papillon" en 1860 que M.Taglioni lui règle sur une musique de Jacques Offenbach.