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LE BALLET RUSSE ET SERGE DE DIAGHILEW

Sa prodigieuse longévité a fait de Marius Petipa (1859-1910) le fondateur en quelque sorte du ballet russe contemporain. Il collabore avec Perrot, danse avec Elssler et forme Fokine, Pavlova et Karsavina. C'est dire si Petipa a constitué un maillon précieux entre la tradition du XVIIIè siècle, le romantisme et l'âge moderne ! Il demeure plus de 60 ans en Russie.

Contrairement à ce qui se passe dans le monde, des sommes importantes sont alors consacrées au ballet. Vsevolojski supprime l'emploi de compositeur de "musique de ballet" tenu d'abord par Pugni, puis par Minkus. Désormais Petipa devra faire appel à des musiciens de qualité dont le plus illustre demeure Tchaïkovsky. Cette collaboration féconde donnera naissance à tois chefs-d'oeuvres : La belle au bois dormant (1890) Casse-noisette (1892) Le lac des cygnes (1895)

On retient de cette période, la ballerine Pierrina Legnani célèbre pour ses 32 fouettés. Elle créera "Raymonda" en 1898.

Christian Johanson (1817-1903) élève de Bournonville, transmet aux Russes la tradition progressivement oubliée en France. A cette école, les Slaves apportent leur lyrisme inné et adjoignent une part de la virtuosité mise à la mode par les visiteurs italiens.

Il faut attendre 1905 pour voir les débuts d'un jeune chorégraphe prometteur Michel Fokine (1880-1942). Il rendra hommage à Isadora Duncan dans "Chopiniana". Original et d'une ardente créativité il monte "Les Nuits égyptiennes".

Les idées nouvelles font jour en attendant que Serge de Diaghilew révèle à l'occident cette conception nouvelle du ballet. D'abord élève de Rimsky-Korsakov, il s'intéresse à la danse plus tardivement en étant nommé directeur des Théâtres impériaux. Cette formation, le goût et l'intuition qui le caractérisent, sa connaissance des cultures russes et occidentales le prédisposent au rôle d'animateur. Pour lui, la combinaison parfaite des facteurs musique, chorégraphie et peinture décorative, forme un véritable ballet.

Mais ses brusques changements d'orientation déroutent et blessent les susceptibles. Cet homme étonnera pendant 20 ans l'Occident et son oeuvre apparemment éphémère conservera un éclat incomparable. 1909 il prépare une saison à l'opéra où le tout Paris est accueilli au théâtre du Châtelet. C'est l'année de "Papillon d'Armide", "Prince Igor" et surtout de "Les Sylphides" (ex-chopiniana) avec les prestigieuses Anna Pavlova pour le prélude, Tamara Karsavina pour la masurka féminine, et Irina Baldina pour la valse puis le jeune Vaslav Nijinsky pour la masurka masculine : l'oeuvre rayonne de perfection au point de s'inscrire au répertoire depuis plus de 70 ans dans toutes les grandes compagnies.

Fokine
Michel Fokine dans Schéhérazade, 1910

1910 est l'année des créations : "Le carnaval" sur du Shumann "L'oiseau de feu" sur Igor Strawinsky avec la danseuse Karsavina et le costumier Golovine. Avec Nijinsky, Fokine remet la danse masculine en honneur. 1911 Diaghilew fonde la compagnie. Celle-ci choisit Monte-Carlo pour port d'attache. Fokine demeure chorégraphe et Cecchetti professeur. A venir "Petrouchka" "Le spectre de la rose" "Prélude à l'après-midi d'un faune" avec Nijinsky sur du Debussy. Fokine, jalous de Nijinsky quitte les ballets russes. 1913 "Prélude" "Jeux" seulement 2 ballets 1914 Diaghilew rappelle provisoirement Fokine qui monte "La légende de Joseph" "Coq d'or" et "Papillon" de Shumann.

Puis la guerre va disperser la compagnie et mettre brutalement fin à cette première époque des ballets russes.

1915 Diaghilew installé en Suisse essaie de reconstituer la compagnie. Mais c'est à New York en 1916 que Nijinsky dirige la compagnie mais leur réputation fera que les Etats-Unis ne les invitera plus. Pendant ce temps, Léonide Massine crée "soleil de nuit" à Rome.

Désormais coupé de son pays par la Révolution russe, Diaghilew ouvre de plus en plus les portes de la compagnie à l'École de Paris. De son côté Nijinsky quitte la scène à 27 ans survivant à sa raison défaillante.